Have a cigar

Lorsque je suis monté à Paris, c'est comme cela que l'on dit quand on part de Brest, c'était il y a vingt ans et j'avais sensiblement le même age.

Je venais de finir tristement une année en Faculté de Droit  et avait enchaîné, tant bien que mal , une demie année de faculté d'anglais. Elle ci m'avait été dictée par ma mère et mon envie de rien qui trouvait dans l'étude de l'anglais une bonne excuse pour faire semblant de faire quelque chose.

Rapidement , je m'aperçus que l'anglais ,hors des vacances que je passais régulièrement en Irlande, me semblait bien rébarbatif mais surtout me demandait plus de travail que je ne pouvais décemment en fournir.

De plus, ma récente rupture avec la jeune fille que je "fréquentais" à depuis des années m'incitait à sortir du lot pour lui prouver toute mon importance par d'autres voix que celle de la langue de la perfide Albion.

En effet, Mikaële venait de partir pour les bras , sûrement difformes, d'un moniteur de ski rencontré lors de vacances d'hiver en famille.

Des son retour présumé, j'avais su qu'il se tramait quelque chose et mes coups de téléphones quotidiens ou l'on me répétait son absence et son indisponibilité me mirent ,alors que je ne m'y attendais pas du tout ,tout simplement KO.

Seul  un coup de téléphone laconique me fit expressément comprendre que l'affaire était finie et que notre idylle faisait dorénavant office de vieille histoire.

La dépression qui s'en suivit fut fulgurante: des après midi entiers à regarder Platine 45 à la téloche, à fréquenter les meilleurs loosers de la région et à essayer de monter le groupe qui allait sauver la planète avec ceux ci.

Cela prit beaucoup plus de temps que prévu pour écrire le répertoire de ce fameux groupe.

Tous les jours  nous nous étions astreints à une draconienne routine:

Lever vers 13 heures suivi d'un petit déjeuné sur les restes encore fumants du repas du soir , ou devrais je dire de la nuit.

Venait ensuite le premier des innombrables pétards qui émaillaient nos journées pendant que les nombreuses et diverses jeunes filles qui venaient à passer des nuits en notre compagnie se prenaient au jeu de savoir laquelle serait la meilleure "maîtresse de maison". Elle se faisaient un devoir de ranger les restes de nos agapes pendant que nous prétextions la venue de l'inspiration pour aller fumer d'autres cigarettes qui font rire dans le garage attenant qui était devenu l'antre de la création.

Il faut dire que rigoler dans l'insouciance était devenu notre Leitmotiv.

J'étais au 106 eme dessous et tout était bon pour passer l'éponge sur mes idées noires.

Mikaële était repassée me voir avec son père et ,si dans la seconde ou je l'avais vu frapper à la porte de la maison que nous partagions tous alors j'avais cru à un retour de la belle , la présence de son père ne me sembla pas de bonne augure.

-" Il faut que je te parle" m'avait elle dit sur le pas de la porte affublée de son paternel qui faisait une sacrée tronche du genre gêné d'être là.

Le ton ne laissait rien présager de très bon mais en même temps , j'étais ravie de la voir, prêt à me mettre à genoux pour la supplier de revenir , voire même de la partager avec n'importe quel montagnard.

Ce n'était pas du tout le propos car elle me demanda bien vite si c'était moi qui venait subrepticement voler ses culottes et autres délires du même acabit , chez elle , la nuit et des fois , le jour.

Ses propos et ceux encore plus virulents de son père , bien certain que je venais folâtrer en douce dans son jardin pour voler les sous vêtements de sa fille  me laissèrent abasourdi.

Ils me paraissaient si saugrenus. Jamais une telle idée ne me serait venue à l'esprit, étant peu fétichiste déjà à l'époque.

Je préférais encore entre apercevoir ma dulcinée dans les rue de Brest que de prendre le risque d'aller voler une culotte dans son jardin et risquer un coup de gros sel dans les fesses.

Le duo infernal me laissa livide, accusé d'un crime inconcevable mais effectivement réalisé, dont je semblais le seul auteur possible.

J'appris bien plus tard que c'était le fils de leur voisin qui venait subrepticement voler les effets de mon égérie mais naturellement, je ne reçu jamais d'excuses de mon ex beau père pour ses véhémentes accusations.

Toujours est il que ceci avait fini de m'achever .

Je n'étais plus rien qu'un voleur d'effets personnels qui était la risée de tous ses anciens camarades , puisque ceux ci restaient les siens désormais.



Je crois me souvenir que nous avons mis environ six mois avant de faire ce qui fut l'unique concert de la formation .

Le nom fut choisi à l'unanimité .

Nous appellerions Klito ,un point c'est tout , après que Gato ! en hommage à Sésame Street, fut complètement abandonné.

Le "Set" était composé de chansons personnelles ou je sais avoir amené les textes et les mélodies alors que chacun essayait de tirer le meilleur de l'instrument qu'il avait choisi en désespoir de cause.

Il fut décidé après ce premier concert d'enregistrer des maquettes des morceaux afin de les amener à Paris qui naturellement n'attendait que nous.

Parmi celles ci, "Les Yeux de Laura" et "Tes héros sont pas beaux " sont les seules mélopées qui ont trouvé grâce en ma mémoire.

Non pas que le groupe fut inintéressant mais les problèmes d'ego apparurent au fur et à mesure que l'enregistrement avançait.

La géométrie variable du groupe y était sûrement pour quelque chose.

Le fait qu'aucun chanteur ne fut défini des le départ entraîna une suite de conflits internes ou l'on vit tel ou tel vouloir immortaliser sa voix sur tous ces succès potentiels que nous ne manquerions pas d'envoyer à Dieu sait qui.

La fin des sessions permit d'avoir quelques play-back avec les voix des différents intervenants sur chaque chansons.

Décision fut prise de monter à la capitale afin de faire connaître au monde nos compositions.

Je fut réconforté dans cette idée en apprenant bien vite que Mikaële commençait une carrière de mannequin prometteuse puisqu'on la voyait sur tous les murs de la ville vantant les mérites de tomates locales.

Elle fut encore à l'honneur, dans la foulée et à la télé, pour un déodorant qui n'eut qu'une gloire rapide mais qui ne tarda pas à  m'énerver encore un peu plus .

En effet, la vision permanente de ces tomates parfumées au déodorant un peu cheap fut le détonateur de mon départ.

J'appris à ma mère que les études étaient désormais révolues et que je partais mener ma vie comme un grand.

Le sempiternel

-"Mais que vas tu faire là bas , et tes études "?

fut le seul refrain sur lequel je n'eus pas d'avis , mais ceci me donna l'idée de louer une camionnette pour emmener mes affaires.

Un des loosers avait déjà trouvé un emploi dans un magasin de disque alors tres connu à paris : Champs disques. Je fus présenté à la direction et commençait le lendemain .

Dans un premier temps , j'eus à apprendre le classement par maison de disques. Ceci peut paraître bizarre mais il faut savoir que le magasin classait ses disques , non pas par artistes mais par leur label.

Ainsi, Queen devint pour moi synonyme d'Emi, Jackson d'Epic mais aussi de ventes en piles au moment de la sortie de l'album Thriller.

Les blaireaux qui venaient de voir le clip de la chanson éponyme de l'album venaient demander :

"Vous savez , la chanson ou il y a les monstres !"

"Oui , c'est Jackson , il y en a une pile derrière vous ,

si, si prenez l'album , vous verrez , c'est tres bien S>."

Naturellement, en vendeurs branchés, nous regardions ces gens avec l'air entendu que l'acheteur ne méritait absolument pas notre attention. Nous étions tous devenus des spécialistes chacun dans notre secteur et je ne jurais plus , déjà , que par les imports de groupes anglais faisant tous la même New Wave et dont , je l'avoue , je prenais sous le manteau , toutes les sorties au fur et à mesure qu'elles arrivaient.

J'essayais pendant ce temps là de mener mon projet musical à bien.

Le groupe avait naturellement explosé et n' avait pas survécu à la distance Brest Paris.

Je commençais à avoir une clientèle bien à moi qui me permettait de venir au travail habillé de la manière la plus excentrique possible.

La direction , qui était en grande partie composée d'homosexuels, communauté que je découvrais, ne voyait pas d'un trop mauvais ºil mes habits de foire , mélange de Boy Georges et de Kadjagoogoo. Cela donnait une crédibilité au rayon dont je m'occupai.

Cela me permit aussi de rencontrer les premières personnes du "Show biz".

On venait me demander de mettre tel ou tel groupe en avant , des producteurs venaient pour voir si leur dernier produit était bien "en place" et sinon venaient voir pourquoi le disque de leur poulain (ou pouliche) n'était pas présent au milieu des sorties mondiales.

La ruse était toujours la même.

-"Vous avez le disque d'Emanuel Globoutz ?"

-Non , monsieur, je ne connais pas , c'est quel genre?"

Et là , le producteur  de se lancer dans uns description métaphysique d'une daube sans nom.

Il y eut: Christian Cicco avec "la Louve", La future femme d'Afflelou qui chantait : "J'aime les hommes  ne le dites à personne " et des dizaines d'autres dont le souvenir m'échappe , si ce n'est un Guy Cryaki qui en sortit au moins 5 singles dans un laps de temps record.

Dans le genre pénible , j'ai aussi vu Jean Luc Lahaye qui venait chanter ses chansons à tue tête accompagné de sa femme qui ne défrayait pas la chronique alors.

Nous avions aussi des visiteurs de marque.

Ainsi, Karl Lagerfeld dont je devins le vendeur attitré , venait une fois par semaine avec Ines et prenait, sans les écouter sur place la sélection que je lui avais réservé pendant la semaine.

Afrika Bambaata , Ric Okasek , Supertramp et des centaines d'autres passaient régulièrement lors de leur tournées et venaient faire un petite halte dans ce magasin qui était situé à deux pas de leur palace parisien.

Du coup ,notre "statut" nous permettait alors de puiser dans un cheptel de jeunes filles qui nous trouvaient tres séduisants grâce à notre connaissance de la musique  et des vedettes du moment.

Il y eu ainsi Monique , qui posait pour des photos de charmes et qui vint un jour me présenter ses ºuvres en me faisant comprendre que je pourrai les admirer de plus pres le soir même.

Rendez vous fut donc pris et j'arrivai chez elle après mon travail , vers une heure du matin.(je faisais les horaires dits de nuit en travaillant tous les jours de 18 heures à 00 h 30)

C'était au cinquième étage d'un immeuble populaire et je découvris une Monique dévêtue qui ne laissait que peu de place à l'interprétation de ma venue. Il semblait que ma position de vendeur à Champs disques me permettait d'abuser de ses charmes tout de go, ce que je ne fit pas ,du moins pas tout de suite.

J'étais et reste dans l'idée qu'il est difficile de rencontrer une jeune fille , même dans un but peu avouable , sans engager une petite conversation.

Au bout d'une heure, je compris qu'il était temps de faire ce pour quoi j'étais convié.

La sonnette laissa entrer un jeune garçon dont je ne connaissais rien jusqu'alors mais qui lui semblait bien connaître la propriétaire des lieux.

Elle me demanda alors de lui passer de la crème sur sa plastique , en présence de cet ami de passage.

La situation , bien que gênante au premier abord me permit de constater qu'il était possible d'être plus de deux pour faire ce que je n'avais fait jusqu'a présent qu'avec une seule personne.

Ce qui devait être fait fut fait et j'eu l'insigne honneur de dormir sur place alors que le visiteur partit avant que je ne sombre dans un sommeil réparateur.

Monique passa quelques jours après au magasin pour me présenter une de ses amies mais cela suffisait .

Il y eu des américaines, des françaises mais aussi une ou deux Brestoises qui passèrent par là.

J'étais déjà avec une petite allemande que je pouvais enfin amener dans mon appartement que je venais d'acquérir au bout de trois mois de labeur et de fiches de paye.

Jusqu'à présent , j'avais vécu de ci de là chez des "connaissances" .

Le premier appartement était la propriété de deux frères cocaïnomanes qui recueillaient tout ce qui passait par là et qui m'offrirent l'hospitalité pendant deux mois environ .

C'était un bordel immonde qui leur servait de tanière et dans lequel passaient Dealers et autres personnes de la télévision car tous deux étaient réalisateurs et caméraman pour Antenne 2. pou

Notes additionnelles

J'ai dans mes amies FB, une des protagonistes de ces agapes qui est mariée , a trois enfants mais qui se souvient parfaitement de cette période.

J'ai eu des nouvelles de la Soeur de la tomate, qui avait été la cause de la rupture caftant une pseudo histoire de tromperie, il y a peu. elle vit dans le sud de la france ou , apres avoir épousé un footballeur professionel, est maintenant la concubine d'une des grosses fortunes de la Grand motte

Champs disques a été vendu pour devenir un magasin de fringues et j'ai croisé , il y a longtemps , l'ancien patron, a qui j'avais emprunté tant de disques, qui m'a felicité...

J'ai été voisin de palier de Jean luc Lahaye pendant 10 ans par la suite , totalement par hasard

Tania, la petite allemande est mariée , a deux enfants et fait partie de mes amies FB