Vision of China

Apres cela , tout semblait pour le mieux.


Je venais de rencontrer un jeune fille de 3 ans mon aînée, Marianna, présentée par un copain et je venais de signer avec Eric un contrat pour l'enregistrement d'une de nos chansons sous le nom de groupe prometteur de " Goûts de luxe" en référence au défilé.
ET pourtant, tout était compliqué à Paris.
Bernard était un bon ami et m'avait présenté Marianna car il était resté tres liée à elle
Bernard était ami avec Dominique Dubois qui venait de nous proposer un contrat.
Dominique avait été l'amant de Marianna (l'ex de Bernard) qu'il avait aussi demandé en mariage, proposition qu'elle avait refusé et qui avait mis fin à leur aventure.
Marianna était avec un anglais, James et la voilà qui débarque au magasin un soir au bras de ce dernier et annonce en se tournant vers moi :
"James, je te présente l'homme de ma vie".
Difficile à gérer est le terme exact .
Je m'en sorti difficilement  et regardait cette grande asperge d'anglais et en me demandant pourquoi , il ne réagissait pas plus car si j'avais entendu la même phrase , je me serai fait du mourron pour mon futur de rosbeef.
Toujours est il que quelque jours plus tard , Marianna était chez moi et nous eûmes des longues soirées.
J'étais fasciné par cette jeune femme qui travaillait au Figaro, était férue de culture, allait dans les musées , écoutait Siouxie and the Banshees et fréquentait des Bourgeois Goths du plus bel effet. Sa connaissance des arts était impressionnante. Elle avait un faible pour les pré-raphaelites et m'emmenait de musées en galeries pour me montrer les ºuvres qui lui paraissait essentielles. Lors de la première expo que nous avions été voir ensemble , elle me dit que son plus grand phantasme était de faire l'amour avec une statue dont le coté froid lui inspirait les plus grandes envies.
Je restai technique en lui demandant le mode d'emploi mais elle me fit comprendre que le simple fait de penser à ce genre de choses lui permettait d'atteindre l'orgasme sans stimulations externes de sa part ou de celle de quiconque
C'était une cérébrale et cela tombait parfaitement pour moi qui avait toujours eu cette "vision" de l'acte.
Le disque , lui, avançait tres lentement.
Nous étions rentrés en Studio et cela ne se passait pas si bien que prévu.
Je n'étais pas le chanteur formidable que je croyais.
Arrivé devant le micro, rien n'etait plus pareil. La musique derrière avait énormément évoluée et surtout beaucoup changée.
-"Si on mettait un truc plus commercial , là ?"
-"Oui, mais bon , on a déjà mis un truc hier !"
-"Oui , mais tu vas voir , on va en vendre plein en mettant ça"
Il nous était difficile de dire toujours non car Dominique, le producteur, était aussi un requin de studio (il venait de faire le Jonaz "unis vers l'univers avec la boite de Jazz").Il venait d'hériter et s'était payé tout le matos avec le fric.

C'était un piètre musicien mais il savait faire marcher l'Emulator 1 et 2 et avait un PPG WAVE ce qui était le comble du raffinement pour nous qui étions fans de Japan.
Eric , du coup, n'avait pas été capable de jouer ses guitares car tout était devenu énorme et un autre requin kamil rustam , fut invité à faire les partitions d'Eric.
IL fut obligé de montrer au grand guitariste comment jouer ses partoches et de voir qu'il ne lui fallut pas plus d'un 1/4 d'heure pour mettre tout en boite alors qu'il lui avait fallut 2 ans pour trouver la partoche et deux jours pleins pour s'apercevoir qu'il n'arriverait pas à la jouer en studio.
Quant à moi , il me fallut plus de deux mois pour enregistrer les voix , gommer mon accent breton car il y avait des mots que je prononçai avec des pointes de sonorités bretonnantes et ne m'en rendait pas compte même après dix corrections sur la bande.
Eric ne venait plus au séances de voix et Marianna était là le plus souvent possible après son travail.
Les heures de studio étaient souvent le soir ,car c'était une co production avec le studio .
Dominique réalisait , le studio donnait les heures libres à profusion et nous passions des heures sur un petit son de rien , hésitants entre le grelot africain et l'indonésien pour finir par décider de mettre une percussion libanaise que nous avions en CD Rom.
Le coté CD rom n'impressionne plus grand monde actuellement mais nous permettait de penser que nous avions vraiment la classe en comparaison de tous les autres musiciens que nous connaissions et qui avaient déjà du mal à trouver un studio de répet.
Un jour tout fut sur la bande après des semaines d'expérimentation.
On nous proposa de faire mixer le tout par Blanc Francard , ce qui ne pouvais être mauvais car c'était lui qui faisait tous les disques à cette époque. La seule chose qu'il nous dit à Eric qui était de nouveau parmi nous et à moi , fut :
-"Personne n'a fait cela avant !"
Avec une telle phrase, nous étions heureux et toujours plus certains de notre affaire.
On fit même une version longue pour les clubs , pour faire comme tout le monde, et une séance de photo fut organisée pour la pochette.
Un coup de make up , un ami à Marianna pour faire les photos , des lampes et le tour était joué.
Eric et moi même sortions notre premier disque "Les Yeux de Clara" par "Goûts de luxe" chez WEA.
En attendant la gloire , le guitariste était contrôleur aérien et moi chanteur.
Car je n'étais plus à Champs disques et le looser qui m'avait fait rentrer était parti depuis "l'évènement".
Les patrons s'étaient aperçus que leur stock ne correspondait en rien au stock réel.
Pourtant , c'etait nous qui faisions l'inventaire et nous ne manquions pas de rajouter des quantités estimées de ce que nous avions pris pendant les trois derniers mois. Quand il restait trois Frankie goes to Hollywood , nous en déclarions 10 en stock et le tour était joué.
Mais , allez savoir pourquoi, la direction ne l'entendait pas de cette oreille.

Un soir que j'avais séché le travail sans prévenir, pour aller enregistrer les voix du disque , une grande action fut menée à la sortie du travail avec Police, perquisitions ,et tout le touin touin.
Un coup de téléphone me prévint en rentrant que les flics étaient chez tout le monde , sauf moi car rien ne pouvait être prouvé sur le moment alors que tous les autres avaient été pris sur le vif en possession de leur butin du jour.
Une expédition fut entreprise dans la nuit et j'emmenai tous mes disques en paquets chez Eric et il fut décidé de louer une camionnette , décidément, pour les vendre à un soldeur à qui je confiais pour l'éternité certaines de mes plus belle pièces .
L'affaire me permit d'acheter un Sampleur et de survivre quelque temps car je découvrais en revenant au boulot le lendemain que l'ambiance feutrée avait beaucoup changée.
On regrettait vivement que je n'ai pas eu la chance de participer au grand raout de la nuit dernière et on me le fit ostensiblement sentir en me mettant la pression pour accélérer mon départ. Le départ de mes camarades  avait été fulgurant car le soir suivant les perquisitions, il n'y avait plus personne de l'ancienne équipe,  si ce n'est moi.
Ce fut alors que Marianna me demanda en mariage , ce que je ne put refuser étant donné que j'étais installé définitivement chez elle , n'ayant pas payé mon loyer depuis deux mois.
De mon coté , j'attendais toujours le retour de ma mannequin tomate qui me l'avait promis mais qui ne me donnait plus de nouvelles. je réussissais à repousser une fois la date du mariage en invoquant quelque prétexte fallacieux puis, une date fut fixée et nos mères respectives invitées.
Ce mariage fut la seule et unique occasion pour ces deux femmes de se rencontrer. Maman me confia plus tard que la mère de Marianna lui avait dit à demi mots que sa fille était une salope.
Sur ce dernier point , j'étais assez d'accord et c'est justement ce qui me plaisait bien.
Marianna était une fille qui aimait l'amour et qui avait un penchant assez avoué pour les phantasmes.
Je fut rapidement officiellement pourvoyeur de ceux ci.
Il me fallait donc pendant chaque acte faire preuve d'une dextérité verbale toujours renouvelée sur des sujets qu'elle n'affectionnait qu'en parole.
Il était en effet hors de question de passer aux actes réels mais je devais faire preuve en chaque occasion d'une imagination sans limite.
Elle trouvait dans ces récits que je lui faisais une façon de sortir des sentiers battus dans lesquels nous n'aurions pas tardé à sombrer comme tout vieux couple.
Je me devais de lui raconter , avec force de détails , les situations les plus osées :

Combien de fois n'ai je pas du inventer différents protagonistes virtuels qui s'alliaient à nous dans nos ébats quotidiens!
Elle pratiquait la sodomie comme on va sur les barricades.
C'était sa façon de lutter contre le diktat de la société car cet acte était , d'après elle , hors de la norme "bourgeoise" et les idées saugrenues qui me venaient à l'esprit pour elle étaient des preuves de son refus des conventions.
J'ignorai ces concepts et elle m'éduqua suivant ses envies , suggérant telle ou telle idée de début, pour que rapidement je trouve la suite d'un récit , certes convenu mais à chaque fois plus saisissant encore.
Nous ne mimes que rarement à profit notre expérience parlée en pratique.
Cependant , elle aimait le coté un peu voyeur que peut engendrer une telle relation et me permit de commettre l'acte sous une porte cochère ou sous le regard potentiel d'un passant égaré dans une ruelle.
Son éducation religieuse ,mêlée à ses petits travers lui donnait le courage de passer outre les tabous de la société qu'elle vilipendait si souvent en écumant les confessionnels et les autels de pauvres chapelles que nous visitions sous le couvert d'études de l'art.
Nous avions  un Prie Dieu à la maison qui fut le théâtre grinçant de nos ébats , maintes et maintes fois 
Il nous arrivait , bien sur de faire l'amour le plus normalement du monde mais bien vite , nous revenions à de justes valeurs.

Elle me racontait , elle aussi , ses expériences du passé et les fois ou elle avait fait "ça" avec deux mecs, ou avec des filles ,dont une avait beaucoup compté, ou  dans un endroit particulier comme cette fois ou elle été montée sur la scène d'un Bar de Strip-tease et avait fait un spectacle si convaincant que le patron lui avait proposé de venir travailler sur place.
Bref, elle était de feu qu'elle cachait sous une sorte de froideur digne des héroïnes Hitchcockiennes qu'elle vénérait comme elle exigeait d'avoir un portrait de Garbo chez elle.

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